Prévisionnels, business plan...
4 novembre, 15h30 : ma cible, la société à céder, est à une cinquantaine de kilomètre d’Aix en Provence, près de La Ciotat ; je dois directement retrouver sur place l’associé de la société d’investissement. J’arrive le premier et prends le temps de discuter avec le cédant. Il m’interroge sur l’objectif de cette réunion et me demande quels sont nos pouvoirs respectifs, l’investisseur et moi-même, dans le projet de reprise. Pour l’objectif j’invite le cédant à faire « briller » son entreprise ; il faut séduire mon partenaire financier. Pour le pouvoir de décision de notre « couple » investisseur/repreneur, je lui confirme que le deal ne se fera que s’il y a les fonds et le futur dirigeant, l’un étant bien évidemment indissociable de l’autre ; à cette étape, je suis considéré par l’investisseur comme un dirigeant crédible pour la reprise de cette affaire et pour engager un projet de développement ambitieux. Il faut maintenant confirmer l’obtention des fonds… bien au-delà de mes 2,8% d’apport ! Le cédant serait heureux de me vendre sa société, l’investisseur est OK pour monter le projet de reprise avec moi ; aujourd’hui il faut « emballer » l’associé de cette société de capital investissement, il faut qu’il s’approprie, avec le même enthousiasme que moi, ce projet de reprise… J’insiste auprès du cédant sur le fait qu’un LBO ne pourra réussir que si les trois parties prenantes sont satisfaites ; ce n’est pas un deal win win mais win win win.
Et cette rencontre est importante car, ce matin, l’investisseur m’a joint sur mon portable. Il revenait sur des questions déjà posées et sur lesquelles mes réponses avaient été sans équivoques, me semble-t-il. Manifestement il doutait. Rien n’est acquis. Je reçois également un autre appel, ce matin, c’est Pascal Mercier, d’Aelios Finance : comment vas-tu, que deviens-tu, où vas-tu ? et je le tiens au courant de mon affaire. Pascal, que je n’ai pas impliqué dans mon projet car, pour l’instant, j’ai trouvé des possibles investisseurs en solo, est vraiment très sympa. Il me conseille de mettre la pression sur mon potentiel investisseur…
16h, la réunion est engagée avec le Présidant cédant, son Directeur Général et notre « couple » investisseur/repreneur. Après avoir fait les présentations, que des cafés aient été servis dans des tasses en porcelaines, le cédant a présenté son entreprise : son histoire d’entrepreneur, l’histoire de sa société, l’historique des résultats financiers, des hommes et femmes qui la composent, du marché, de la concurrence, présentation de la dernière situation comptable intermédiaire… Puis j’anime la réunion entre mon possible futur investisseur et le futur ex-dirigeant ; discussions autour du business modèle, des facteurs clés de succès de cette société, de sa croissance annuelle, de son niveau de résultats, etc.
20h30 : ne serait-il pas l’heure de prendre l’apéritif ? Non, nous clôturons cette rencontre avec le cédant. Mon partenaire financier a recoupé toutes les informations que je lui avais délivrées. Pas de problème, ou plutôt, fort heureusement, le cédant et moi-même avons été parfaitement cohérents. Comme évoqué avec Pascal, j’avais prévu qu’à l’issu de cette réunion je mettrai la pression sur l’investisseur pour accélérer le mouvement et surtout savoir quand son comité d’investissement donnera son avis. J’ai réservé, tacitement, l’exclusivité à cette société d’investissement. En cas de refus d’engagement de celle-ci, j’irai en chercher une autre. Oui, mais pas dans 6 mois. Je me suis donné un objectif et je veux le tenir : closing de l’opération en février 2005. En faisant rapidement un rétro planning, je constate que l’on n’est pas assuré de tenir ces délais.
La pression sur mon investisseur fonctionne ; il me donne un nouveau rendez-vous le 8 novembre, 9h. Je devrai lui présenter mes comptes de résultats prévisionnels sur 4 ans, avec hypothèses et argumentation pour les soutenir. Tout d’un coup, lui aussi me met la pression avec un important travail à effectuer…pendant le week-end. J’avais commencé ce travail mais rien de très élaboré. J’étais resté dans les grandes masses par manque d'informations. Aujourd'hui, j'appréhende bien le projet de reprise et je peux effectivement me lancer dans ce travail.
20h30 toujours, je salue le cédant et lui demande si d’autres candidats à la reprise ont confirmé leurs intérêts : deux sont sur les rangs, mais ils ne sont pas autant avancés que nous. Les lettres d'intention de mes concurrents n'arriveront donc pas aussi rapidement qu'annoncé dans l'épisode 5. Le cédant bluffait.
Après les prévisionnels, le business plan avec « littérature » va sans doute également être prochainement demandé. Je m’engage donc maintenant, à plein temps, sur ce projet qui s'engage sur une bonne voie.
Suite au prochain épisode.
Dans le prochain épisode, vous découvrirez que le « couple » investisseur/repreneur commence à bien fonctionner et que l'investisseur me demande de signer un accord lui accordant l'exclusivité sur ce projet... le stress s'accroit mais c'est du stress motivant.
Super note, encore une fois ! Ce que tu nous livre à travers cette « blog-série » , est pétri de petits indices qui permettent à un entrepreneur moins expérimenté de comparer sa façon de faire avec la tienne, et ça c’est très intéressant… Cela permet d’appréhender quelque-peu ces connaissances tacites fruits de l’expérience !
Ce dernier épisode correspond bien au travail que je mène actuellement : passage du « bricolage » au travail sérieux qui demande des fonds et dont les supports sont : blind note, business plan…etc.
« J’avais commencé ce travail mais rien de très élaboré. J’étais resté dans les grandes masses par manque d'informations. Aujourd'hui, j'appréhende bien le projet de reprise et je peux effectivement me lancer dans ce travail. »
J’en suis un peu là : chiffrer les flux et prévoir une construction financière sur plusieurs années. Je suis rassuré de constater que tout n’est pas défini dès le début de la réflexion, mais que l’ « on apprend en marchant » et que les choses se révèlent au fil de l’avancée du projet.
Rédigé par : Olivier | 22 novembre 2004 à 17:25
Appelle moi quand tu veux olivier...
Rédigé par : Bruno | 24 novembre 2004 à 16:41