Episode 2 : J'ai un coup de cœur pour cette société
Ce 27 septembre 2004, je décide donc d’aller à la pêche aux partenaires financiers intervenant dans des LBO. Au sujet du terme LBO, il ne s’applique pas exactement à ma situation puisque le terme technique qui convient est un LMBI (Leverage Management Buy In). Mon ami technicien de la finance, Rodrigo, appréciera cette précision ! Je continuerai tout de même à garder le terme LBO, comme terme générique.
C’est quelques jours avant, le 20 septembre, que je rencontre le dirigeant de la société à céder. Décontracté, très souriant, poignée de main ferme, café dans un verre en plastique ( !), l’ambiance de la société m’apparaît très « besogneuse », ça s’affaire de toute part, pas d’assistante qui vous fait patienter dans une salle d’attente qui d’ailleurs n’existe pas ; j’aime bien cette première impression. Pas de superflu, ça respire l’efficacité, ça respire le money maker.
Pour avoir déjà racheté des sociétés dans le cadre d’opérations de croissance externe, je sais que cette première rencontre avec le dirigeant est la plus importante. Pour moi, bien évidemment, mais aussi pour le cédant. Patron de PME, il ne place pas le montant de la transaction comme une priorité mais davantage le fit, le feeling, qu’il va ressentir avec le repreneur. Son entreprise est belle, elle a transformé sa vie et le nouveau rêve de ce patron de PME est de faire une opération capitalistique avec un repreneur qui lui ressemble, pour être sûr que le développement de son « bébé » sera assuré dans la continuité, avec les mêmes performances. Ce patron de PME sera également très attentif à ma personnalité pour, entre autre, imaginer comment son personnel pourrait m’accueillir.
La rencontre va durer 3 heures. Je repars avec de nombreux documents, une assez bonne compréhension du business model et une vision assez claire des facteurs clés de succès qui ont amené cette société à son niveau. Je crois que le fit est passé entre cet ex-futur patron de PME et moi. J’ai même un coup de cœur pour cette entreprise dans laquelle je vois un terrain d’expression certain de mes compétences et des voies de développement dans lesquelles je me sens très à l’aise.
Lorsque je prends mon téléphone pour prendre un rendez-vous avec une première société de capital investissement, j’ai préalablement rédigé un dossier de présentation synthétique de la société à reprendre : ma cible. Classique, le dossier de 8 pages présente la fiche d’identité de la cible, le parcours et le profil du dirigeant, une présentation de l’équipe des cadres, le marché, les produits et services vendus, une ébauche de SWOT (Forces, faiblesses, menaces, opportunités) ainsi que la présentation de quelques ratios financiers que j’ai dégagés des bilans et reporting de la société. Ce n’est pas un executive summary, puisque je n’ai pas encore rédigé de business plan. Je souhaite, à cette étape, savoir si il y a une possibilité de faire un LBO sur la reprise de cette entreprise. Ce dossier est donc destiné aux investisseurs.
La prise de rendez-vous avec la société d’investissement a été facile. Rapide présentation au téléphone, style elevator pitch (très brève présentation percutante), et la date du 30 septembre est fixée, dans 3 jours. Quelle réactivité ! Mon interlocuteur au téléphone, le responsable des LBO pour le fond d’investissement, me demande de lui transmettre un dossier de présentation de ma cible ainsi que mon CV, avant notre rendez-vous. C’est fait dans la minute.
Je me rappelle des nombreux VCs (capital risqueurs) que j’ai rencontrés à Paris, lors de mes levées de fonds en 1998, puis 2000. Tous dans le 8ème arrondissement. Tous dans de superbes, voir somptueux locaux et tous à m’offrir un café dans des tasses en porcelaine. Ah, j’oubliais, pour la plupart, les initiales de leur nom et prénom sont brodées sur la poche de leur chemise.
30 septembre, 14h30, je suis au rendez-vous. Les locaux ne sont pas Cours Mirabeau, le petit Champs Elysées provençal, à Aix en Provence, mais dans une petite zone industrielle. Locaux chics, mais non ostentatoire. Pas d’assistante, mon interlocuteur, responsable des LBO, me reçoit directement. Direction la salle de réunion. Café servi dans des verres en plastique. C’était quand même autre chose à Paris, avec la porcelaine ! Pendant 2 heures, nous échangeons : présentation de la société d’investissement et de la stratégie du fond de 60 millions d’euros dédié aux LBO, présentation de mon parcours professionnel, présentation de la cible à reprendre et discussions pour que mon interlocuteur comprenne bien le business model, la construction du niveau de résultat de l’entreprise à reprendre, et les perspectives de développement de celle-ci. Je sais que je suis un passionné et je crois que mon enthousiasme pour ce projet de reprise a été bien ressenti par mon interlocuteur. Il m’a même rejoint sur ce terrain en s’associant à mes réflexions sur les perspectives de développement. Nous avons commencé à nous projeter ensemble. J’ai apprécié l’approche de cette société de capital investissement. Information essentielle, le montage financier est envisageable avec mon apport de 2,8% avec bien évidemment une position majoritaire dans le capital du capital investisseur. Ca se présente pas mal au niveau financier sauf cette position majoritaire que je comprends et accepte au vu du montant de l’investissement et de la petitesse de mon apport, mais qui m’inquiète pour la future gestion et le développement de la société. Ai-je le choix ? Le montant du deal (transaction envisagée…business loto) est dans le scope (les domaines d’interventions) du fond. Le projet sera présenté aux associés. Par expérience, je sais que lorsque qu’un deal intéresse un investisseur, il ne traîne pas pour vous recontacter : dans la semaine suivante au maximum.
Les jours passent, bientôt une semaine que le rendez-vous a eu lieu et toujours rien.
Mon portable sonne : « Bonjour, nous sommes intéressés par votre projet, nous souhaiterions vous revoir avec l’un des associés… » Prochain rendez-vous le 8 octobre 2004, 9h30.
Suite au prochain épisode…
Dans le prochain épisode, vous découvrirez pourquoi le projet ne se conclura pas avec cet investisseur mais qu’un autre arrivera presque naturellement !
Des gobelets en plastique : c'est immonde !
Je ne connais rien au VC mais je sais une chose : quant on reçoit des clients on ne leur sert pas un jus de chussette dnas un gobelet en plastique ! ;=)
Je suis persuadé que le passage sur les locaux somptueux dans le 8em à fait sourire Pascal Mercier ;=)
Rédigé par : Laurent Deséchalliers | 02 novembre 2004 à 11:06
J'espère effectivement que Pascal en sourira... un peu d'autodérision, ça ne fait pas de mal;=)
Rédigé par : Bruno | 02 novembre 2004 à 11:17
Bruno,
C'est vraiment excellent de blogguer ca en direct efin du contenu véritable et original. Bon courage pour ton opération et à un de ces jours j'espère!!
Daniel Gergès
Rédigé par : Daniel Gerges | 02 novembre 2004 à 14:10
Merci Daniel
Rédigé par : Bruno | 02 novembre 2004 à 14:28
Mais je ne suis pas VCs moi, je viens de créer une start-up !
Rédigé par : Pascal | 04 novembre 2004 à 19:04