Les logiciels sociaux (social networking) ont fait leur apparition en mars 2003 après le lancement du site Friendster aux Etats-Unis. Ils proposent une nouvelle approche de la rencontre en ligne, inspirée d'une théorie selon laquelle il existerait six degrés de séparation, au maximum, entre chaque personne dans le monde. Le software networking déferle maintenant sur le web et je m'interroge sur sa pérennité: quel modèle économique ? Le social networking répond-il à un besoin dans la population et au-delà de la séduction due à la nouveauté du concept, ce nouveau service va-t-il s'imposer ?
Depuis quelques temps, j'ai donc fait quelques recherches et je souhaite vivement que vous apportiez votre contribution à cette réflexion.
Pour tous ceux qui souhaitent approfondir leur connaissance sur le sujet et après avoir lu pas mal d'articles américains, je vous invite à lire celui de Franck Beau pour la FING (Fondation Internet Nouvelle Génération) et il a l'avantage d'être en français et d'être très bien documenté: parfait pour se familiariser. Vous pouvez aussi aller sur le site de Loic, expert en la matière, où de nombreuses notes traitent de ce sujet.
Vous pouvez aussi consulter la dernière étude publiée pat Trend IQ présente les tendances de 72 sites de logiciels sociaux, pour l'essentiel américains. On y retrouve ainsi les plus connus d'entre eux comme Friendster, Orkut, Ryze, Tribe, Linkedin ou encore Match.com. Il m'apparait d'ailleurs assez surprenant que ce dernier site, Match.com, site de rencontres, soit identifié comme un logiciel social. Celà m'amène à m'interroger sur la réelle définition du logiciel social. Pour identifier un service de logiciel social faut-il des règles ou tout service qui propose la mise en relation d'une personne avec d'autres personnes peut-il être qualifié de logiciel social ? S'il me parait évident qu'un principe fondamental de mise en relation avec les amis de ses amis (domaine privé) ou avec les relations de ses relations (dans le domaine professionnel) est la base du fonctionnement de ces services (remonter les six degrés par co-optation), je ne crois pas que la simple communication d'un annuaire de personnes avec possibilité de contacts, comme les sites de rencontres, soit suffisant pour être qualifié de logiciel social. Je ne vois donc pas pourquoi Trend IQ a autant élargi sa liste de sites.
Beaucoup d'encre coule sur le sujet et j'ai retenu quelques essais d'analyse qui présentent les segmentations suivantes:
Ross Mayfield's a dégagé 5 types de services:
1- L'explicite: Ryze
2- Le virtuel: Everquest
3- Le physique: Meetup
4- Le conversationnel: les weblogs
5- Le privé: Linkedin
Pour ma part je préfère retenir les quatre catégories que nous rappelle Christopher Allen selon les motivations suivantes :
1- Rencontres
2- Amis
3- Centres d'intérêt
4- Professionnel
Il est interessant de lire le blog de christopher Allen car il a réellement testé les différents sites américains et nous livre ses observations. La seule analyse que je puisse livrer concerne Linkedin. J'ai rejoins ce site depuis plusieurs mois, bilan: une demande de contact provenant d'un autre membre, une prise de contact à mon initiative (3ème degré et réussie)beaucoup d'invitations sans retour et un message publicitaire: Moyen.
Un point commun à tous ces sites: c'est gratuit. Première question: ou est le modèle économique ? Il semblerait que ce soit bien la question la plus régulièrement posée par tous les observateurs qui s'intéressent au software networking. Il suffit de taper cette question sur Google pour en avoir un aperçu. L'une des règles de ces services étant par ailleurs de ne pas revendre leur base de membres aux opérateurs de marketing direct. En effet, celà tuerait immédiatement le software networking. Pour l'instant également peu de publicité sur ces sites. Je pense aussi que la pression publicitaire pourrait casser le modèle.
Deux questions m'apparaissent alors fondamentales :
1-La quantification des membres va-t-elle représenter l'actif majeur des logiciels sociaux ? Ou bien la qualification et par conséquence, qui doit-être invité (et peut-être refusé) dans ces services ?
2- Qui va payer et quoi ?
Les deux vedettes du logiciel social affichent dèja la couleur:
- Friendster: 1,8 millions de membres (quantification)
- Linkedin: 600 000 membres (qualification)
Ils font d'ores et déja l'objet de nouvelles valorisations extraordinaires.
D'autre part si les modèles gratuits actuels veulent évoluer vers le payant, comment vont-ils procéder ? En France, le site copainsdavant.fr a considérablement perdu de son attractivité quand il est devenu payant. Rappelons nous l'histoire des fournisseurs d'accès à Internet.
Je ne vois qu'une seule issue. Ces sites devront développer de nouveaux services à proposer à leurs membres en corrélation avec les centres d'intérêt de ceux-ci. C'est ce qu'a fait le site américain mediabistro. sans faire apparaître ces offres sous forme publicitaire mais comme services négociés pour les membres. Si c'est le cas, il sera donc nécessaire de recruter les nouveaux membres en les sélectionnant, les invitant, en fonction de l'intérêt de leur profile. Ces deux observations m'amènent à penser que seul Linkedin est aujourd'hui orienté de cette manière. Il reste cependant à Linkedin à trouver comment faire évoluer son modèle gratuit vers un modèle payant. Le projet est en cours mais je pense que le passage au payant va s'accompagner d'une perte importante de membres. Au sujet de Linkedin, c'est son noyau dur de personnalités du monde des affaires qui fait sa valeur pour un grand nombre de membres qui voient ainsi la possibilité de pouvoir les contacter. Ce noyau dur restera-t-il dans Linkedin avec un modèle payant ?
Pour conclure cette note, je trouve ce phénomène assez passionnant, il n'est pas sans rappeler l'excitation des années de la bulle Internet : gratuité, construction d'une base importantes de membres puis recherche des modèles économiques mais est-ce bon signe ? D'une manière générale, j'aime bien tout ce qui remet en question les modèles établis.
Je pense qu'il y a encore de la place pour de nouveaux entrants. Je ne crois pas cependant à la pérennité des logiciels sociaux qui n'offrent que la mise en relation entre amis sauf peut-être pour les premiers entrants qui auront bénéficié d'un effet de mode pour générer des bases de membres importantes. Je crois que les nouveaux entrants se créeront autour de centres d'intérêt, d'un objectif de qualification des membres, et de services qui leur seront proposés, gratuits et payants.
Finalement, le logiciel social colle bien à Internet:
- Internet est le réseau des réseaux
- Le logiciel social est le réseau des réseaux d'amis
C'est surement pour cette raison que de belles histoires sont encore à écrire avec le logiciel social.
A vous maintenant, vos avis et expériences sont surement très interessants. Ce qui est sûr c'est que je n'ai aucune certitude sur le sujet.
Bonjour,
c'est avec retard que je découvre cet excellent post (merci Versac et Bruno).
La situation est en train d'évoluer. D'une part parce que certains sites s'organisent en communautés autour de centres d'intérets communs. Très bien pour faciliter les premiers échanges, puis ouvrir sur d'autres "mondes", mais sans doute pas une fin en soi.
Et à ce titre une communauté de graphistes n'est pas plus fun qu'une communauté d'experts-comptables :-) avec tout le respect que je porte à ces 2 professions.
Centres d'intérêts communs -> mêmes milieus -> mêmes écoles -> mêmes professions : le déterminisme social à la française.
Là encore, le metissage et la transversalité créent de la valeur, là où l'uniformité crée seulement de la force(corporatisme).
Et fondamentalement la quête d'un nombre important d'individus et de citoyens est de (mieux) vivre ensemble, pas d'écraser l'autre.
De nouvelles formes de sociabilité (post-télévisuelles) se créent via Internet, là où quelques années en arrière (et encore aujourd'hui, pour certains spécialistes des mass-média)
Internet était une des causes identifiées de rupture du lien social, amusant, non ?
Pour confirmer cette tendance, de plus en plus de membres de ces communautés organisent des rencontres entre eux, favorisant ainsi les échanges et le co-développement.
A suivre...
Rédigé par : Yann Mauchamp | 06 décembre 2004 à 23:48
Le co-développement qu'évoque Yann sera forcément engagé car les utilisateurs exigeront des différents services une coopération active afin d'éviter l'isolement et/ou l'éparpillement.
Cela ne veut pas dire que l'interopérabilité sera évidente et rapide mais, à terme, inévitable...
Rédigé par : Alain Lefebvre | 13 janvier 2005 à 22:06
Bjr :) merci pour ce billet fçrt intéressant :) il y a cependan tquelques points obscurs : "ils proposent une nouvelle approche de la rencontre en ligne" .. qu'entends tu par là ? bbonne continuation :)
Rédigé par : MrBark | 01 juillet 2008 à 09:36